Chemin de grève !

Attends cinq minutes, tu te souviens de 95 et du plan huppé ?
Quitte à duper les cheminots autant chaîner
Les enseignants à mon tableau chasse :
Geler les salaires et bourrer les classes.
Brader l’éducation et la tej dans la fosse,
De toute façon, ils serviront des frites à mes gosses.

Alors j’ai une question à te poser : dans le fond, pour eux, pourquoi me faire chier ?

J’leur taille le gasoil au prix du sans plomb,
Et ça sors de ma caisse-retraite en bas nylon.
T’as cotisé toute ta putain d’vie
D’enseignant d’mes deux ? T’as plus envie
D’aller en quartier chaud pour gérer,
La merde qu’on y a laissé !
Mais pour toi, pourquoi me faire chier ?

Pourquoi me faire chier ?
Avec le fils du gégène de banlieue qu’en finit pas d’achever,
Son Smic de smicard au quinze du mois,
Qui ose pleurer ! Sur son demi à demi vide,
Sur son ballon de rouge à peine entamé, déjà dégonflé
Qui se noie dans son Ricard pour respirer
Prendre une goulée d’air vicié pour pas s’asphyxier
Dans sa vie qui en crève d’iniquités !
Pourquoi me faire chier ?

Avec ces putes de rond point,
Toutes de jaunes vêtues,
Qui gueulent pour un pétrole à 3 points,
Leur promettre rien, mais leur en mettre plein la vue,
A ces 24 éborgnés, à ces 600 estropiés, à ces 100 000 assoiffés,
Pourquoi m’fouler ?
Autre chose que leur droits d’l’homicide des pieds,
Pourquoi m’faire chier ?

Pour ces putains d’retraités,
Qui peuvent plus grailler,
Fallait prévoir, y voir un peu plus loin
Que le bout de ton nez, à nez
Avec le mur-mûre que t’es,
Pour le CRS qui va te flashballer !

La gueule en sang et des hématomes plein la bouche
Tu m’expliqueras alors pourquoi tu gueules,
Alors que quand c’était les blancs blacks beurs,
Dans leurs étages de crasseuses cités,
La France en avait rien à carrer !
Haïr pour diviser ? Pourquoi s’aider ?

Un coup l’islam, un coup l’extrême,
Un coup Not’Dame, un coup le FN.
Je les sors d’mon chapeau de magicien,
Ça divise l’opinion un jour sur rien.
De quoi me faire réélire au tour prochain,
De ce présidentiable concours d’coquins !
Putain d’électeurs élisant
Sur l’élan du média médisant,
A mi-chemin de penser, pourquoi céder ?

Ça s’appelle le groupe, la collectivité,
Mais on a oublié tout ça à force d’checker
Le dernier string de la téléréalité,
La dernière appli pour Candy crusher,
Le dernier ampli un friday soldé,
La dernière vidéo fb à liker.
Ouvrir les yeux ? C’est l’idée !
Brandir le poing ? Pas fermé !
Vers son prochain ? Et semer !
Les graines de notre future fraternité !

Pourquoi défendre le service public ?
C’est les seuls à pouvoir faire pression
Sur nos très fdp de Matignon
A coup de slogan et à coup d’klaxon !
Demande toi avant de gueuler,
Qui pourra tordre le bras de fer
De nos bons hommes à rien faire,
C’est eux putain, c’est pas le privé !

Ils claquent leurs étendards d’ardeur dard-dard,
Dans la manif dès demain, j’espère m’y voir,
Tirant la flamme de ma flemme en refusant d’accepter le tyran,
Rallumer les feux de l’Agora pour incarner Saturne.
Par là, m’élever ailleurs que dans mon urne,
Enfin, me mettre en marche pour que tourne la roturne.

Enfin en route, sur mon chemin de grève !

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